Des livres et des anecdotes : Sexe et Destin
Le médium
Chico Xavier habite à Uberaba depuis janvier 1958. Il emménage avec un jeune étudiant Waldo Vieira, médium psychographe comme lui, à la périphérie de la ville. Ils créent ensemble un groupe spirite l’année suivante mais ils ne peuvent en assumer la présidence, leurs semaines sont particulièrement chargés. Il y a des réunions publiques tous les lundis soir ainsi que les vendredis et les samedis. Le mercredi soir est consacré à la désobession et les mardis et les jeudis soir permettent de faire de la psychographie de nouveaux livres. Il y a aussi les visites aux pauvres les samedis après-midi puis l’étude de l’Evangile le dimanche.
Souvent les deux médiums travaillent aux ouvrages par alternance, comme dans le cas de ce livre que nous présentons. L’un commence le début du récit et l’autre le termine puis les récits sont mis bout à bout.
Durant cette année 1963, ils psychographient deux livres en deux jours, une véritable prouesse !
La préface d’Emmanuel
Sur la grande place des conventions humaines, le matérialisme s’emploie à la dissolution des valeurs morales tout en se moquant manifestement de la dignité humaine. Cependant de vénérables religions luttent contre la nature dans une tentative vaine d’entraver la vie, comme s’ils eussent voulu s’asservir eux-mêmes.
Face au terrible conflit de ces forces gigantesques qui luttent pour la domination morale de la Terre, Tu as envoyé la doctrine spirite, au nom de l’Évangile du Christ afin d’apaiser les coeurs et de leur faire savoir que l’amour est l’essence de l’univers. Les créatures humaines sont nées de Ton souffle divin pour s’aimer les unes les autres. Le sexe est un héritage sublime et le foyer est un refuge sanctifié. En expliquant que l’amour et le sexe génèrent des responsabilités dans la conscience de chacun, on ne pourra léser personne dans les liens affectifs sans encourir de douloureuses réparations.
Ce livre veut souligner que l’on ne peut pas soustraire les coupables aux conséquences des erreurs dans laquelle ils trouvent impliqué. Les vaincus ne sont jamais abandonnés, à partir du moment qu’ils acceptent le chemin qui rectifie. Dans Ta bénédiction, les délinquants d’hier, aujourd’hui rachetés, se transfigurent en messagers du pardon pour ceux-là même qui, jadis, tombèrent dans leurs sombres pièges.
Bénis donc cette narration bouillonnante de vérité et d’espoir, et, en la remettant à nos frères de la Terre, permets-nous de leur rappeler que l’existence physique, que ce soit durant l’enfance ou dans l’adolescence, dans la maturité ou dans la vieillesse, représente toujours un don sans pareil qu’il nous revient d’honore. Que l’on soit en possession d’un corps de chair impotent ou infirme, nous devons répéter en face de Ta sagesse incommensurable : merci, mon Dieu !
Ecoutons un passage :
Comme cela se produit parmi les hommes, dans le monde spirituel qui les entoure, la souffrance et l’attente polissent l’âme en disciplinant, en perfectionnant et en reconstruisant…
Tandis que nous sommes revêtus du corps physique, nous imaginons habituellement le paradis des religions cantonné de l’autre côté de la mort. Nous rêvons de l’apaisement intégral des sens, de l’accès à l’allégresse ineffable qui anesthésie tout souvenir transformé en plaie mentale. Mais, une fois, la frontière de cendre traversée, nous voici debout en face de l’inévitable responsabilité de notre conscience. La vie humaine se poursuit naturellement dans l’au-delà et assume une forme de départ en deux temps distincts. Les lieux et les vêtements diffèrent. Cependant, la lutte de la personnalité, d’une renaissance à l’autre sur Terre, s’apparente à un laborieux combat en deux phases : l’envers et le revers de l’expérience, le berceau marque le commencement ; la tombe développe. À de rares exceptions près, il n’y a que la réincarnation qui parvient à nous transfigurer de manière fondamentale.
Laissons dans l’esquif le corps desséché et emportons avec nous, dans notre fiche d’identification personnelle, vers d’autres sphères, les composants spirituels que nous cultivons et attirons. Intelligences en processus d’évolution dans l’éternité de l’espace et du temps, les Esprits domiciliés sur la Terre, s’apparentent, au moment où ils abandonnent leur enveloppe de matière dense, à des insectes. Il y a des larves qui s’extirpent de l’œuf et se révèlent être des parasites, tandis que d’autres se transforment immédiatement en phalène à la beauté prodigieuse, gagnant les hauteurs. Nous trouvons des êtres qui s’écartent de l’étui de chair en entrant dans d’importants processus obsessifs. Ils y évoluent au prix des forces d’autrui. À leurs côtés, d’autres individus s’élèvent, épurés et beaux, vers des plans supérieurs de l’évolution. Et entre ceux qui s’attachent profondément aux sensations de la nature physique et ceux qui conquièrent la sublime ascension vers des niveaux édifiants, dans l’au-delà surgit une gamme infinie de positions dans lesquelles ils se répartissent.
En émergeant dans le monde spirituel, après nous être désincarnés, nous souffrons, au début, du désenchantement de tous ceux qui attendaient un ciel théologique, facile à obtenir.
La vérité se révèle être un moteur de rénovation. Souffrant d’une lourde amnésie en ce qui concerne le passé lointain qui repose dans les souterrains de la mémoire, nous faisons alors face à d’anciennes idées reçues qui s’entrechoquent en nous, pour finir par s’effondrer en mille morceaux. Nous soupirons d’une inertie qui n’existe pas. Nous exigeons une réponse affirmative aux absurdités de la foi conventionnelle et dogmatique qui réclame une intégration avec Dieu, excluant prétentieusement toute paternité divine avec ceux qui ne partagent pas cette vision étroite.
Un grand nombre d’entre nous ressort, dans de tels conflits qui sont terribles et exténuants, abattus ou révoltés par de grandes incursions dans le vampirisme ou le désespoir mais la plupart des désincarnés s’accommode, peu à peu, aux circonstances, acceptant la continuité du travail de rééducation, avec des résultats qui prennent fin dans ce monde, quand l’attente de la réincarnation arrive et permet la rénovation et le recommencement…
Ces réflexions m’embrasaient l’esprit tandis que j’observais la tristesse et la fatigue de mon ami, Pedro Neves, dévoué serviteur du ministère de l’aide. Ayant partagé d’audacieuses et valeureuses expéditions au cours d’une activité bienfaisante, nous ne l’avions pas encore vu faire preuve de la moindre hésitation. Vétéran des entreprises de secours, il n’avait jamais démontré découragement ni faiblesse, bien que le poids de ses engagements et obligations fût écrasant.
L’avocat qu’il avait été lors de sa dernière incarnation se caractérisait par une extrême lucidité dans l’examen des problèmes que les méandres du chemin lui avaient présentés. Toujours humble et intrépide, il affichait maintenant de sensibles altérations de comportement.
Je le savais charger de courtes tâches à accomplir dans la sphère physique, afin de répondre d’une manière plus directe à des nécessités d’ordre familial, dont il ne m’avait pas été possible de percevoir ni l’étendue ni la nature.
Dès lors, il se montrait distant et désenchanté, reproduisant l’humeur de compagnons récemment arrivés de la Terre. Il s’isolait dans une profonde réflexion. Il esquivait la conversation fraternelle. Il se plaignait de choses et d’autres, et parfois, on pouvait percevoir des larmes qui ne parvenaient pas à s’échapper, lors du travail. Personne n’osait sonder sa souffrance ou la fibre morale dans laquelle s’exprimaient ses attitudes. Mais provoquant quelques heures de rapprochement, sur un banc de jardin, je cherchai habilement à l’amener à l’extroversion, prétextant des difficultés qui me préoccupaient. J’évoquai mes descendants que j’avais laissés sur Terre et les inquiétudes qu’ils me causaient. Je pressentais dans la tristesse la présence de luttes familiales qui torturaient son âme, comme des ulcérations récidivistes, et je ne me trompais pas.