Des livres et des anecdotes : Rayonnements de la vie spirituelle de Mme de W. Krell
En France
Nous sommes en 1875, en ce début d’année, on inaugure à Paris l’opéra de Charles Garnier, c’est un évènement de taille. Les travaux ont commencé en 1861 et ils ont été interrompus avec la guerre de 70. Sur le plan politique, on travaille aux lois constitutionnelles de la 3ème république. Elles sont discutées à l’assemblée nationale et elles seront mises en place en juillet. Des inondations importantes causeront la mort de plus de 500 personnes à Bordeaux. La Garonne déborde, bousculant tout sur son passage. De nouvelles normes de construction, suite à ce désastre, seront prises. On utilisera désormais du mortier de chaux et non du mortier de terre pour bâtir.
L’auteur
Madame W. Krell est une médium psychographe. Elle reçoit, au cours de séances médiumniques, des poésies et aussi des dictées de divers Esprits. Spirite convaincue, elle est assisté d’un Esprit qui se nomme Bernard et qui l’aide dans ce travail. Il dit « Nous, ses aînés dans la vie spirituelle, nous sommes liés à elle par les liens si doux et si forts de la solidarité, aussi, nous ne faisons que remplir un devoir en venant lui apporter les fruits de notre expérience, les conseils de l’affection, la protection fraternelle et lui indiquer le point d’appui solide auquel elle doit s’attacher pendant la lutte qu’elle soutient tout en gravissant la haute montagne du progrès ! »
Son ouvrage
La publication de ces communications dictées par des Esprits, a pour but de démontrer que le spiritisme, dans sa mission, est essentiellement moralisant.
Ces communications ont toujours été obtenues spontanément à l’exception de deux ou trois répondant à des demandes adressées aux Esprits. Elles ont été obtenues soit pendant le sommeil hypnotique provoqué chez le médium par les Esprits seuls, soit à l’aide de sa faculté d’écrivain semi-mécanique. Elles sont destinées à prouver que le spiritisme n’est pas, comme on le croit généralement le fait d’un écart de l’imagination, d’une exaltation ou d’une faiblesse mentale, mais une doctrine sérieuse, simple et vraie, s’appuyant sur des faits produits par des lois naturelles.
Elles prouvent qu’il n’est pas, comme beaucoup le craignent, l’œuvre de l’esprit du mal, mais au contraire, une manifestation éclatante de la bonté de Dieu et l’accomplissement de la promesse faite par le Christ à l’humanité représentée par ses apôtres, lorsqu’il leur annonça pour l’avenir le règne de la vérité. En donnant leur pensée, les protecteurs invisibles, qui nous entourent, ont toujours recommandé de la répandre et de propager ces croyances. La tâche imposée au spirite et au médium est de faire participer tous ses frères aux révélations qui lui sont faites, par conséquent, rien autre chose que de rendre ce qui lui est donné, en enseignant ce qu’il sait et croit être bon, juste et vrai, en montrant la simplicité, la pureté, la grandeur de la doctrine spirite, sa mission éminemment consolatrice et son travail constant en vue du progrès général.
Cet ouvrage est divisé en trois parties, tout d’abord, il y a la partie scientifique, puis la partie morale et enfin les conseils. Une série de poésies a aussi été dictée.
Ecoutons donc un passage
La nourriture spirituelle
Toutes les créatures de Dieu sont appelées aux mêmes destinées ; tous, petits ou grands, depuis l’être supérieur jusqu’à l’être à peine sorti de l’enfance morale, tous sont appelés à s’asseoir au banquet de vérité.
Dieu donne à chaque époque la nourriture spirituelle qui lui est suffisante, aux premiers âges la vérité rendue sensible aux esprits grossiers encore, sous des formes matérielles, aux âges suivants la vérité dans la simplicité, aux âges à venir, l’idéal qui est la vérité parfaite.
Cette nourriture spirituelle, symbolisée par des fluides, par des parfums, est pour l’âme la substance de vie, elle lui est aussi nécessaire que les aliments au corps, que l’air aux poumons, et, aussitôt que l’âme en est privée, nous la voyons se replier sur elle-même et souvent défaillir. Vous-mêmes, vous qui êtes transplantés comme des fleurs aimées dans cette terre spirituelle où nous vous avons amenés, vous-mêmes, lorsque pendant quelques temps nous cessons de vous prodiguer nos conseils, nos encouragements, nos paroles d’affection, ne vous sentez-vous pas tristes, un peu affaiblis, moins ardents à bien faire, et n’avez-vous pas encore besoin qu’une main paternelle vienne sans cesse vous soutenir ?
Cela prouve que vous êtes encore des enfants, aussi de temps en temps, l’un de nous se détache et vient à vous avec une provision de cette nourriture spirituelle. Il vient, répandant sur vous la paix, vous mettant au cœur les forces qui vous font dévoués, il vient renouveler en vous l’amour du sacrifice, et stimuler ce profond désir d’avancement, il vient soutenir vos pas pendant quelques instants, et vous donner un élan nouveau vers le progrès. Mais, il vient aussi avec le pouvoir de vous montrer au loin toutes les beautés, tous les rayonnements de l’avenir, il vient vous faire lire presque couramment dans ce grand livre encore si bien fermé, il vient vous faire contempler cet idéal tableau du vrai, du beau, du juste, il vient, jetant un voile sur les laideurs de la terre emporter vos âmes dans les régions bénies qu’elles doivent habiter un jour. II y a temps pour tout, après les jours du travail, les douces heures de repos, après le jeûne, la joyeuse fête, après la sécheresse, la fraîche et abondante rosée. C’est vous dire que nous entrons avec vous dans une période de joies spirituelles, c’est vous dire, à bientôt !
Le spiritisme, régénérateur des peuples
« Que celui d’entre vous, qui est sans péché, lui jette la première pierre ! »
Je m’adresse à ceux qui sur la terre s’appellent les grands, et je leur demande : vous qui avez en main la force, le pouvoir, la loi que vous assouplissez à votre fantaisie ; vous, qui d’un mot pouvez faire répandre des torrents de sang et de larmes ; vous, qui tenez en main la balance que vous faites souvent pencher à votre volonté ; vous, qui depuis des siècles avez manié les hommes comme un enfant manie ses jouets ; vous qui avez fait des peuples, des enfants méchants par la mauvaise direction que vous leur avez imprimée, de quel droit venez-vous poser le pied sur eux lorsqu’ils sont vaincus et les accabler de reproches et de malédictions ?
Qui a donc donné à ces peuples le droit de secouer leurs entraves, sinon le maître inflexible qui voudrait les tenir enchaînés et les empêcher de grandir ?… De quoi vous plaignez-vous, vous qui ne les avez pas laissés apprendre et savoir ?… Pourquoi vous étonnez-vous de folies qui sont causées par un manque d’éducation que vous avez voulu ? Pourquoi vous plaindre des cruautés qu’ils commettent quand ils rompent leurs chaînes, lorsque c’est vous qui leur en avez donné les premières leçons ?…
Une malheureuse femme ignorante, asservie, était tombée ! Pauvre femme, comment ne serait-elle pas tombée, elle, dont on tenait la tête violemment penchée vers la terre ?… Tout aussitôt, les grands, les forts, les instruits l’accablent de pierres, d’injures, de cris. — Qu’elle meure… disent ces indulgents… Mais une voix grave s’élève à coté d’eux, un regard doux, puissant et ferme les enveloppe, un homme, non pas un des grands, un homme se baisse et sur la terre écrit une sentence…
Quand chacun eut lu les quelques paroles gravées sur le sable, aucune pierre ne tomba plus sur la pauvre femme, et elle fut sauvée !
En faveur des peuples, que je personnifie dans cette femme ignorante et coupable, j’invoque les mêmes droits et je dis : que celui qui est pur de tout crime, que celui qui a toujours bien fait, que celui-là seul ne soit pas indulgent.
En trouverai-je ?… — Peut-être, mais si j’en trouve, celui-là tendra la main à la pauvre femme et la relèvera aussitôt !
L’ami du peuple, l’ami de cette quantité d’individus que personne ne regarde, l’ami et le consolateur de toute souffrance, celui qui doit améliorer, relever et guérir, c’est le spiritisme.
C’est le spiritisme qui d’abord amènera par l’union des pensées la fraternité, l’égalité, la paix.
C’est le spiritisme, qui sans larmes, sans blessures, sans malheurs plantera son pacifique drapeau. D’un côté de ce drapeau on pourra lire : développement intellectuel et de l’autre : affranchissement moral !