DES LIVRES ET DES ANECDOTES : Leçons de vie
L’auteur spirituel
Humberto de Campos est né le 25 octobre 1886 à Miritiba, il est le fils de Joaquim Gomes de Farias Veras et d’Ana de Campos Veras. Après la mort de son père, à l’âge de six ans, il a déménagé à São Luís où il commence à travailler dans une entreprise locale pour subvenir aux besoins de sa famille. À 17 ans, il a déménagé à nouveau, cette fois à Pará, où il pratique une activité journalistique dans deux journaux Folha do Norte et A Província do Pará.
En 1910, il a 24 ans et il publie son premier livre de vers, intitulé Poeira ce qui lui vaut une certaine reconnaissance. Deux ans plus tard, il s’installe à Rio de Janeiro où il se fait connaître dans les cercles littéraires de la capitale fédérale en s’attirant l’amitié d’écrivains tels que Coelho Neto, Emílio de Menezes ou Olavo Bilac. Il commence à travailler au journal O Imparcial, aux côtés d’illustres personnalités. Peu à peu, au niveau national, il est connu pour ses chroniques publiées dans divers journaux de Rio de Janeiro, de São Paulo et d’autres capitales brésiliennes, sous le pseudonyme Conselheiro XX.
En 1919, il entre à l’Academia Brasileira de Letras, succédant à Emílio de Menezes. Un an plus tard, il entre en politique, élu député fédéral dans son état d’origine, il maintient son mandat jusqu’à l’arrivée de la révolution de 1930. Après avoir traversé une période de difficultés financières, il est d’abord nommé inspecteur de l’éducation à Rio de Janeiro, puis directeur de la Fundação Casa de Rui Barbosa.
Ce sont les soucis financiers constants, qui l’obligent à publier quotidiennement des chroniques, des histoires et des critiques littéraires. Il ne peut se consacrer à de plus grands projets littéraires.
En 1933, sa santé se détériore, Humberto de Campos publie Memórias (1886–1900), dans lequel il décrit son enfance et sa jeunesse. Il a un succès immédiat auprès du public et de la critique.
Après plusieurs années de maladie, provoquant la perte presque complète de sa vue et de graves problèmes urinaires, Humberto de Campos décède à Rio de Janeiro, le 5 décembre 1934, à l’âge de 48 ans, des suites d’une complication chirurgicale.
L’aide spirituelle
Le fait de savoir que tout homme peut, à tout moment, demander une aide spirituelle est le point fort d’un spirite. Il sait qu’il peut compter sur le précieux soutien de son guide (ou ange gardien ou Esprit protecteur) qui veille sur lui et a pour mission de l’aider à progresser.
A la question 491 du Livre des Esprits d’Allan Kardec, il est précisé que la mission de l’Esprit protecteur est « celle d’un père sur ses enfants : conduire son protégé dans la bonne voie, l’aider de ses conseils, le consoler de ses afflictions, soutenir son courage dans les épreuves de la vie. » Puis, tiré de la sublime réponse à la question 495, nous ajoutons : « il est heureux quand il le voit dans le bon chemin ; il gémit quand ses conseils sont méconnus ».
En effet, l’homme n’est pas seulement influencé par son Esprit protecteur. Il a aussi auprès de lui des Esprits familiers qu’il a souvent connus dans le passé. Ils sont en quelque sorte comme les « amis de la maison ». Pour se rendre utiles, ils s’occupent volontiers des détails de la vie intime, mais seulement dans la limite de leur pouvoir souvent assez borné et de la permission des Esprits protecteurs.
Il faut compter aussi sur les Esprits sympathiques qui sont attirés par une similitude de goûts et de sentiments, dans le bien comme dans le mal. Comme dit à la question 498 : « Ce n’est que la faiblesse, l’insouciance ou l’orgueil de l’homme qui donne de la force aux mauvais Esprits ; leur puissance sur vous ne vient que de ce que vous ne leur opposez pas de résistance. »
Pour plus de détails, on se référera à tout le chapitre « Anges gardiens, Esprits protecteurs, familiers ou sympathiques » dans le Livre des Esprits d’Allan Kardec.
C’est cette vie, en constante interaction avec les Esprits qui nous environnent et en lien permanent avec notre libre-arbitre, qui est souvent décrite dans les histoires spirites, comme ici dans l’ouvrage Leçon de vie.
Ecoutons un passage
Protection éducative
Dans le jardin de la résidence confortable de la famille Torres, deux entités spirituelles discutaient. Ézéchiel, un messager illuminé et un ami dévoué, était venu observer les services rendus par Antoine auprès de cette famille que tous deux avaient pris sous leur protection en raison des liens affectifs qui les unissaient depuis de nombreux siècles.
– Comment vont nos chers amis ? Demanda l’envoyé du plan supérieur, comprennent-ils maintenant l’importance de la protection divine ? Quel vif espoir elle répand sur leur situation ! Vous savez que je dois beaucoup à Malvina et à Jean du fait de mes dures épreuves vécues dans le passé… J’ai eu la chance de progresser dans ma voie évolutive, mais jamais je ne pourrai les oublier.
Son compagnon écoutait ces propos sans cacher la profonde mélancolie qui brillait dans son regard. Puis laissant libre cours aux émotions sublimes du moment, Ézéchiel continua :
– J’ai rassemblé mes vieux amis avec des adversaires d’un autre temps et j’espère que transformés en parents et enfants au sein du même foyer, ils pourront à présent aller vers la paix qui surpasse l’entendement humain. La gratitude n’oublie pas les biens reçus.
– C’est également ce qui se passe entre nous deux, mon cher, lui fit Antoine délicatement, je ne peux effacer le souvenir de la dette qui me lie à votre générosité…
Comme pour éviter tout témoignage de reconnaissance, Ézéchiel changea le cours de la conversation en ajoutant :
– Malvina se comporte-t-elle bien dans la lutte rédemptrice ?
L’interpelé eut un geste d’amertume lui répondit sur un ton abattu :
– Elle ne sait pas affronter la facilité et l’abondance. Elle vit affligée et insatisfaite sans raison.
– Malgré tout ce qui lui a été accordé ? demanda le supérieur étonné.
– Malheureusement, oui.
– Y a-t-il une maladie grave dont souffre la famille ?
Antoine eut un geste significatif et souligna :
– D’après ce que l’on sait, le corps de la patiente ne peut s’accommoder d’une santé parfaite, mais dans le cadre de mes capacités, je m’efforce de faire en sorte que Malvina, Jean et les enfants vivent équilibrés. Ils ne se lèvent jamais le matin sans que je leur procure les éléments fluidiques théra¬peutiques nécessaires. De cette manière, j’ai le plaisir de les voir bien disposés pour réaliser les devoirs édifiants qui leur incombent.
– Se peut-il que le salaire qu’ils reçoivent soit insuffisant ?
– Quant à cela, élucida Antoine, ils se permettent d’avoir sur la terre une voiture confortable et de grande valeur. Le chef de famille dirige un bureau et en retire une excellente rémuné¬ration. Joseph et Oscar, leurs deux enfants plus âgés, travaillent dans un atelier en ville ; Hermenegildo et Paul, leurs deux plus jeunes, sont employés dans un centre urbain où ils gagnent un bon salaire.
– Souffrent-ils d’une persécution quelconque ?
– Ils jouissent de l’estime générale. En outre, je me charge de les aider tous les jours et conformément à vos recommandations je les aide indirectement à résoudre tous les problèmes qui les touchent de près.
– Ont-ils de sérieux motifs d’insatisfaction personnelle ? Antoine sourit et obtempéra :
– Pas que je sache, ils n’ont pas le moindre motif de grande contrariété, pourtant, ils en cherchent. Ils ont un tempérament nerveux et exaspéré. L’esprit maternel est toujours la source d’inspiration du foyer, et l’état actuel de Malvina, en ce sens, est des plus déplorables. Notre amie s’est tellement plainte que son mari et ses enfants sont aujourd’hui atteints du même mal. Ils se disent déprotégés, fatigués, qu’ils manquent de chance. Aucun enseignement ne leur ouvre les yeux, aucune joie ne leur donne de l’entrain ou de rémunération qui les satisfasse.
Inquiet, Ézéchiel lui dit après une longue pause :
– Je veux m’en rendre compte personnellement.
Ils pénétrèrent à l’intérieur dans une attitude fraternelle. En pleine matinée, Malvina était bien loin de s’occuper de son foyer, elle était en grande conversation avec une dame du voisinage.
– Madame Amélie, dit-elle en gesticulant, vous vous trom¬pez au sujet de notre situation. Mon mari reçoit un salaire mi¬sérable. Mes enfants ne gagnent pas suffisamment pour vivre décemment. Je ne sais déjà plus comment résoudre nos difficul¬tés financières actuelles. Nous sommes responsables de magasins et de boutiques, de sorte que franchement, souvent, je ne sais pas comment me comporter.
– C’est étrange, lui fit son interlocutrice, parce que j’ai tou¬jours pensé que votre maison vivait dans les meilleures conditions.
– Comment cela moi ? Nous ? Réagit la protégée d’Ézéquiel. Nous vivons criblés de lourdes dettes… Ah ! Mon amie, mon amie Tandis que Jean s’épuise, je meurs à petit feu face à toutes sortes d’afflictions. Nous sommes très malheureux
Ses lamentations pouvaient durer des heures. Puis, dès qu’elle eut pris congé de la voisine, une autre amie apparaissait, et Malvina continuait sur le même registre :
– Ma chère Thérèse, comme nos conversations m’ont man¬qué ! Les gens souffrants et tourmentés comme moi ont besoin de vous entendre.
– Pourtant, madame Malvina, objecta sa bonne amie, vous semblez tout autre. Je vous trouve très forte et bien posée…
– Moi, ma fille, lui répondit madame Torres en prenant une petite voix tremblante, je n’ai jamais autant souffert… Je ne sais pas ce qu’il adviendra de nous. Tout est noir autour de nous. À son travail, les efforts de Jean ne sont pas appréciés à leur juste valeur et mes misérables fils s’exténuent inutilement entre les exigences indues de leurs chefs et les vaines promesses d’amé-lioration. Jusqu’où iront nos épreuves ? Je ne sais déjà plus prier, car nos afflictions ont été si grandes que la foi me semble vide, dépourvue d’expression…
À cet instant, alors que Malvina déroulait sa longue litanie de larmes verbales, son mari entra pour déjeuner suivi de leurs enfants quelques minutes après. La visiteuse hébétée prit congé sans plus tarder et se retira. La résidence des Torres se convertit en purgatoire d’impréca¬tions. Le chef de famille s’insurgea contre la politique, contre les actionnaires de sa société, se plaignit du pain mal fait et cri¬tiqua la serviette de table mal posée. Il faisait de grandes crises d’autorité au point que ses enfants l’imitaient et s’excédaient en affirmations frivoles ou stupides. Au centre de ce parlement sauvage domestique, madame Malvina essuyait ses yeux gonflés de larmes tout en proclamant être la plus malheureuse des femmes. Pendant deux heures consécutives, Ézéchiel passa son temps à entendre des discussions et des réclamations. Le groupe ne trouvait pas une minute pour parler de choses édifiantes. Cette demi-douzaine de coeurs réunie ressemblait à un puits d’eau empoisonnée crachant de la boue par les bords.
Profondément consterné, le bienfaiteur dit à Antoine d’une voix amère :
– Il est bien dommage de constater une telle attitude de la part de nos vieux amis. Malheureusement, ils ne savent pas recevoir le concours de l’amitié reconnaissante. Ils n’ont pas assez d’éducation pour enregistrer les manifestations de notre tendresse. Pour le bien de tous, cependant, ils resteront seuls pendant quelques semaines…
Avant que le mentor en vienne à conclure, Antoine lui de¬manda étonné :
– Que dites-vous ? Nous laisserons les Torres sans assis¬tance ? Qu’adviendra-t-il d’eux ?
– Nous n’appliquerons pas un remède violent, lui expliqua Ézéchiel avec conviction, la protection des compagnons incar¬nés est analogue à celle des plantes. De temps à autre, il faut la supprimer, la modifier ou la renouveler. Malvina, Jean et les en¬fants resteront sans protection pendant trente jours, tu viendras avec moi pour te détendre en vacances, et nous verrons le bien qu’apportera une telle mesure. Je pense qu’en si peu de temps, Malvina fera un cours intensif de compréhension, de service, de gratitude et de prière. Notre amie a reçu jusqu’à ce jour une protection réconfortante, mais désormais elle a besoin d’une protec¬tion éducative.
Le programme fut accompli intégralement. Bientôt, le foyer des Torres connut d’énormes changements. Dès qu’Antoine, leur ami occulte et discret, s’absenta, le désespoir atteignit son point culminant.
Le jour même de son éloignement, les enfants du couple se mirent à se disputer violemment lors du diner, et Oscar eut son bras droit cassé, ce qui nécessita une intervention médicale. Le troisième jour, Hermenegildo fut renvoyé de son travail pour cause d’insubordination. Le quatrième, Joseph fut emmené à l’hôpital en raison d’une subite appendicite avec suppuration. Le cinquième jour, le chef de famille eut un accident de voi¬ture après avoir quitté son bureau et fut transporté au service d’urgence, et le sixième jour, Paul était ramené chez lui dans une voiture du service municipal parce qu’il avait fait une chute spectaculaire à son travail. Madame Malvina n’avait plus le temps de se plaindre du monde et de son sort. De sorte qu’au bout de trente jours de programme, quand Ézéquiel et Antoine pénétrèrent à nouveau chez elle, ils la trouvèrent en prière profondément transformée.